Cachemire express
14/02/07 En route pour le Cachemire.
Il est presque 9 heures. Je me leve attivement. Mon bus part a 9h45, il me reste vraiment peu de temps. Le temps de m'habiller et de fermer mon sac et 20 minutes ce sont deja ecoulees. Je vais rater mon bus a ce rytme la. Je quitte ma chambre en vitesse et me precipite sur le premier rikshaw disponible que je croise dans la rue. Par manque de temps, aucune negociation n'est possible et les prix pratiques ici sont plus ou moins fixe. Mon portefeuille le sentira passe. Il ne me reste maintenant plus que 15 minutes pour gagner Dharamsala d'ou partira mon bus.
Le rikshaw roule doucement en raison du denivele et de l'etat irregulier de cette petite route de montagne sur laquelle nous circulons. Pour une fois qu'un chauffeur fait preuve de prudence, je ne vais pas lui jetter la pierre. Le temps s'ecoule de plus en plus, et avec lui, les chances d'avoir mon bus aussi. Par chance, le petit vehicule a moteur arrivera juste a temps.
Je descend du rikshaw, paye le chauffeur, et me precipite en courrant vers la station de bus. Apres renseignement et confirmation, je monte dans le bus qui est cense me conduire a ma destination. A peine a bord, le bus demarre. C'etait moins une...
Je m'installe, puis commence alors le long trajet vers Jammu, etape essentielle et obligatoire ou un changement de bus m'attendra avant de rejoindre enfin Srinagar, ma destination finale. Le trajet se passera a merveille et dans un confort plus qu'acceptable contrairement aux trajets en bus precedents. Voyager avec un petit sac est vraiment tres appreciable. Je dormirais un peu, puis vers 16h, le bus arrivera enfin a Jammu, capitale du Cachemir.
Le Cachemire (ou Kashmir) est l'etat le plus au nord de l'Inde. Possedant des frontieres communes avec le Tibet, l'Afghanistan et le Pakistan, cet etat montagneux, fait regulierement l'actualite des journaux locaux et nationnaux. Attentas a la bombe, fusillades en pleine rue, enlevements et autres actes terroristes dechirent souvent cet endroit qui parait-il est la plus belle des regions du monde. Pourtant, cela fait quelues semaines deja, que je n'ai pas eu connaissance de tels actes. La situation semble donc stable pour le moment, ce qui m'a decide a aller voir de plus pres a quoi ressemblait cette region.
Ma prochaine etape est Srinagar. Mon bus n'est qu'a 20h. J'ai donc un peu de temps devant moi. Je passerais un long moment a lire, sur un banc du terminal de bus, jusqu'a finir mon livre, "Memoires d'otages" de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, relatant leur enlevement et leur detention en Irak par l'Armee Islamique Irakienne. Interessant et deconcertant.
Pas tres a l'aise au debut, je me detendrais par la suite et plusieurs personnes, sans doute par curiosite (je ne repond pas aux standard vestimentaire et physique locaux), viendront engager la conversation avec moi. L'heure du depart approche, je me dirige alors vers le bus, monte a bord puis m'installe.
Je suis le seul touriste a bord. Les passagers sont a 95% masculins. Les seules femmes etant pour la plupart voilees ou installees a l'avant du bus, mais toujours accompagnees d'une presence masculine. Le temps etant une notion aleatoire en Inde, le bus initialement programme pour un depart a 20h, partira finalement a 22h. Ce qui en attendant, me permettra de discuter avec mon voisin. Au debut, ce sentiment d'etre le seul touriste etranger, me rendait un peu mal a l'aise. Mais maintenant, je vois plus cela comme une chance, et j'ai l'impression d'etre protege, comme me le prouveront les nombreuses petites attentions et la gentillesse qu'auront les Kashmiris a mon egard. Ils tiennent a ce qu'on est une bonne image de leur region.
Le bus part enfin, puis apres un certain temps, je rejoindrais Morphee.
15/02/07 En route pour le Cachemire, suite.
Je me reveillerais plusieurs fois durant cette nuit. Non pas a cause de l'inconfort du vehicule, mais plutot du thermometre. Il fait en effet de plus en plus froid et les quelques effets personnels que j'ai avec moi (c'est a dire un tee-shirt, un calecon et une paire de chaussettes de rechange) ne me permettent pas de lutter efficacement contre le froid qui s'installe. Je parviendrais cependant a drmir par intermitences jusqu'au matin.
Il est 8h quand j'ouvre les yeux pour la derniere fois. Et la, le spectacle qui s'offre a moi est de toute beaute. Nous circulons sur des routes a flanc de montagne, le soleil brille et j'appercois au loin des sommets recouverts d'un epais manteau neigeu dont la puretee est eblouisante. Incroyable... L'endroit possede effectivement de precieux atouts pour gagner le titre de plus bel endroit du monde. Il ressemble un peu aux paysages de cartes postales que l'on se fait du Tibet.
A mesure que le bus avance vers sa destination finale, j'appercois de plus en plus de militaires. La presence militaire devient de plus en plus importante et elle est quaiment omni present a Srinagar, comme j ele decouvrirais plus tard. Sur cette route donc, unique acces terrestre reliant Jammu a Srinagar, mon regard reste scotche a la fenetre et ce qui s'y passe dehors. Des patrouilles de militaires lourdement armes circulent a pieds sur le bord de la route. Casque, gilet par balle, kalashnikov et autres fusils d'assault consituent une partie de la panoplie de ces soldats qui ne ressemblent en rien aux soldats de plombs de notre enfance.
Je les verrais regulierement parcourir le bord de la route, a l'aide de detecteur de metaux, a la recherche de je ne sais quoi. Des mines ? Des armes ? J'appercois aussi de nombreux panneaux aussi explicites que "High Security Zone", "Restricted Area"... mais aussi d'autres aux messages differents comme "Avalanche Zone", "Landslides Area"...rappellant egalement que la route presente regulierement des risques d'avalanches et de glissements de terrain en cas de fortes pluies ou chuttes de neige, bloquant ainsi l'acces de la route et la rendant impraticable, comme on peut le lire regulierement en hiver, dans les journaux.
Au dela de ca, le spaysages traverses sont sublimes. Le bus s'arretera de nombreuses fois pour des controles. Des militaires monteront a bord brivement ou plus longuement, faisant alors un bout de route avec nous. On dirait que ca ne plaisante pas du tout dans le coin, et je sens une certaine tension chez ces hommes kakis.
Apres quelques heures supplementaire, j'arriverais sans encombre a Srinagar, unique destination de mon premier sejour au Cachemir. Il est 14h quand je pose enfin mon sac dans ma chambre apres avoir change 2 fois de bus et parcourut une parti de la ville a pied depuis l'endroit ou le bus de Jammu avait depose tout ces passagers pour rejoindre l'endroit dans lequel je me trouve en ce moment, Dal Lake. Je residerais donc pour ces quelques jours, sur un "house-boat", qui comme son nom le laisse supposer, est une sorte de maison posee sur un bateau, flottant sur les eaux du lac.
J'ai donc a mon entiere disposition, vu la faible frequentatio touristique du moment, une petite maison flottante avec 2 chambres doubles, une salle de bain privee, un petit salon et une petite terrasse, pour un prix tout a fait derisoire de 100 roupies la nuit (1 euro = 57 roupies). Il n'en faut pas moins pour me ravir apres ce long voyage. Il m'aura fallu 26 heures pour parvenir jusqu'ici.
Apres la phase "decouverte" de ma nouvelle demeurre, et apres avoir pose mes affaires et profite un peu de l'endroit pour prendre un peu de repos, je pars faire un tour avec Mohamed, le pere de famille, proprietaire du house-boat vivant dans une petite maison juste a cote, pour faire un tour de shikara sur les eaux du lac. En l'absence de guide de voyage papier (abandonne au Nepla en raison du poids de l'ouvrage), et en raison du caractere particulier de la region, Mohamed sera mon guide pour les jours a venir. Je prefererais m'en passe mais...
Nous voila donc a bord de la traditionnelle et fine embarcation de bois kashmiri que l'on nomme ici "shikara". La ligne de flotaison de l'embarcation se situe au raz de l'eau et offre a ses passagers le sentiment tres agreable de glisser sur l'eau. La shikara se manoeuvre grace a une rame de bois dont l'extremite (celle qui sert a la propulsion), est en forme de fleur de lotus. Charme garanti. Le lac sur lequel nous navigons, Dal Lake, ressemble a la carte postale suivante. Imaginez un immense lac entoure de hautes montagnes hymalayenne aux sommets enneiges. En son centre, une petit ilot hebergant une coline sur laquelle se dresse au sommet un vieux fort en pierre. Sur ces eaux, le lac heberge des house-boats a perte de vue, des jardins flottants, des marches flottants, des roseaux, des fleurs de lotus, des aigles, des shikarams vendant toutes sorte de marchandises...
L'endroit est sublime, meme en cette saison hivernale, et tres reposant. Les habitants ont tous l'air plus gentils les uns que les autres et le seul moyen de transport sur ces eaux est la shikaram. L'endroit ressemble effectivement a un paradis sur terre. Le Laddak, cette sublime region, n'est d'ailleurs pas loin. Dommage que la region soit parfois victime d'un conflit sanglant qui dechire extremistes hindous et musulmans depuis la partition de 1947 qui donna naissance au Pakistan. Depuis, les 2 camps s'affrontent pour reclamer la paternite de cette region.
Je ferais donc a bord de cette petite barque, berce par les flots et propulse par la rame de mon guide, une premiere decouverte de Srinagar et de ses charmes. L'architecture de ces petites maisons flottantes est superbe. J'y reviendrais plsu tard. Apres cette ballade aquatique, nous irons faire un petit tour en ville. Ma premiere impression, est celle d'une ville sous occupation, etant donne l'omni presence militaire. Rien de tres exaltant a premiere vue. En revanche, j'ai ete surpris par la proprete de la ville. Moins pollluee que ces soeurs indiennes, elle offre meme de vrais trottoirs aux pietons, et on y trouve meme des poubelles. C'est la premiere fois depuis mon voyage que je croise des poubelles.
Vers 18h, nous regagnerons nos petites demeures flottantes et j'aurais ensuite l'honneur d'un repas finement cuisine. Je m'endormirais assez tot ravi par ce que j'ai deja vu mais fatigue par ce long voyage, au son de la priere sortant d'un haut parleur d'une des petites mosquees environnantes. L'endroit est pour le moment exceptionnel, a tout point de vue.
16/02/07 Srinagar.
Apres cette premiere nuit reposant sur les flots du lac, et la delicatesse d'un petit dejeuner dans la maison familiale, nous partons, Mohamed et moi pour une visite des mosquees de la ville. Nous sommes vendredi, jour de priere. Le jour est donc parfaitement choisi pour aller visiter ces lieux de cultes a l'architecture parait-il magnifique.
Apres quelques minutes a attendre le bus, et apres renseignement, mon guide me signal qu'a ete declaree aujourd'huiune greve des bus pour protester contre l'execution de Sadam Hussein qui avait eu lieu pendant la fete de l'Ahid, un vendredi de decembre 2006. on guide me signal alors qu'il nous sera difficil voir dangereux de nous y rendre a pieds etant donne la distance et les evenements qui pourraient eventuellement se produire. Pour ma securite donc, et au vu des precedentes histoires qu'il m'a raconte (comme celle de ce jour ou il a entendu une explosion en ville alors qu'il se promenait avec un touriste australien et qu'ils ont du prendre un rikshaw de toute urgence pour regagner la maison familiale), nous decidons de changer notre programme. J'apprecie son attention.
Nous sommes donc jour de priere aujourd'hui, est cela signifie que quasiment tout est ferme en ville. Nous repartirons donc en shikaram a la decouverte d'une autre partie du lac et de ses merveilles. L'architecture des house-boats est extraordinnaire. Ces maisons flottantes, toutes de bois presentent de nombreuses couleurs et details. Il en existe de toutes sortes, de la plus simple a la plus raffinee. De vrais palaces flottants pour certaines. Les details des boiseries des portes, fenetres, ballustrades, toits, mobilier... ainsi que les couleurs douces ou flamboyantes de leurs murs offrent aux visiteurs et a leurs occupants un rafinement et un spectacle dont l'oeil ne pourrait rester insensible.
Apres dejeuner, nous irons faire un tour dans la vieille ville. Endroit reposant a l'abris de l'agitation et de la circulation, constituee de vieilles maisons de pierres et de bois. Nous longeons un petit canal et mon guide attire alors mon attention sur des hamas de toles, de bois et autres objets en tout genre. En fait, se tenaient ici il y a quelques jours, des maisons qui ont ete demolies par la police et l'armee suite a une decision gouvernementale pour rendre la ville et l'endroit plus propre. Il est vrai que Srinagar, contrairement aux autres grosses villes indiennes visitees, est relativement propre. Mais peut-on "nettoyer" une ville de sa population au motif que les habitations dans lesquelles elle vit, par manque evident d'argent, ne correspond pas aux criteres esthetiques et a l'image que l'on souhaite donner au lieu ? Le probleme reste entier puisque ces gens n'ont pas d'autre endroit ou aller et que l'insultante et faible compensation financiere que le gouvernement leur a propose ne leur permet pas de reconstruire ailleurs. 12 000 roupies par maison soit a peu pres 200 euros.
Apres ce petit tour dans la vieille ville (ces mots me gene car je ne voudrais pas qu'ils aient la connotation d'un spectacle touristique miserabiliste), nous regagnerons nos petites habitations. Il est 17h est une douce lumiere commence a s'installer. Je m'installe sur la petite terrasse puis commence la lecture d'un livre trouve dans la bibliotheque du salon. J'aurais du en emporter un autre avec moi, mon sac en etait plein et j'avais plus de livres et de matos photo que de fringues, en partant pour ce voyage en Inde. L'ouvrage est en anglais est relate la premiere ascencion de la face sud de l'Annapurna. Petit retour au Nepal au fil des lignes que j'aurais le temps d elire d'ici mon depart.
Je partagerais ce soir, un repas dans la maison familiale et devant la television. Le petit poste datant de Mathusalem diffuse en noir et blanc un sitcom indien melo-dramatique vraiment nul. Le drame qui s'y deroule correspond tout a fait au schema scenaristique traditionnel de ce genre de niaiseries. Histoire d'amour, argent, mensonges et trahison, histoires tragiques et autres rebondissements exhuberents, s'enchainent de maniere surrealiste. La realisation en revanche elle, n'a rien d'accademique et ne correspond en rien aux regles habituelles. Fait avec les moyens du bord, les plans et leur enchainement semblent avoir ete fait par des individus totalement ignorant des regles d'usage. Le cameraman doit sans doutre etre parkinsonien, la camera doit etre un camescope, le monteur un stagaire... Le jeu des acteurs un peu surjoue, rattrappe quand meme un peu le coup et je me prend meme a ce feuilleton auquel je ne comprend rien de ce qui se dit mais dont j'arrive a deviner l'histoire.
De retour dans mon petit palace, je m'installe dans le salon d'ou j'ecris ces lignes. Il se fait tard et je dois me lever de bonne heure demain. Le petit poele qui brule depuis tout a l'heure dans ma chambre, a du apporter une douce chaleur a la piece. Ces dans ces conditions que je vais m'y rendre avec plaisir et rejoindre Morphee pour une douce nuit.
17/02/07 Dernier jour a Srinagar.
Reveil tres matinal ce matin au son de la priere sortant du haut parleur d'une des mosquees du lac. Il doit etre 5 ou 6h. Je me leve a 6h30 car nous avons prevu un programme de visites charge aujourd'hui. Visite du marche flottant aux fleurs, mosquees et jardins Moghols.
En sortant de mon petit chez moi, je decouvre avec surprise un fin manteau blanc recouvrant tout. Il a neige cette nuit et paradoxalement, les rigueurs du froid et de la neige apportent une certaine douceur au lieu et a l'atmosphere qui s'en degage.
En raison du temps donc, la visite du fameux marche aux fleurs est impossible. Il n'y aurait pas grand chose a voir car les vendeurs de toutes sorte ne se presseraient pas sur leurs shikara pour venir a la rencontre des rares visiteurs. Cela me laisse donc quelques heures de repos supplementaire avant notre depart vers 10h pour la visite des plus belles mosquees de la ville. Je mettrais ces quelques heures a profit pour lire confortablement pres du poele brulant dans ma chambre.
10h. Nous attendons patiament le bus quand un militaire nous demande poliement de degager. "Que ce passe-t-il ?" demande je a mon guide. "Il faut pas qu'on reste la, ils (les militaires) ont peur que l'on porte une bombesous notre paran (habit kashmiri traditionnel ressemblant a un grand poncho). Cette reponse reflete parfaitement le climat de tension et de suspicion qui regne par moment. Nous nous executons sans broncher.
Le bus arrive enfin et c'est dans la bon humeur que je monte a bord malgre le fait qu'il soit plus que complet. Il faut vraiment aimer le contact humain. Par contact humain j'entend contact physique. ca en est presque intime la. Je n'ai jamais ete aussi serre de ma vie dans un vehicule, meme dans le metro aux heures de pointe. Mais comment font-ils pour etre aussi nombreux dans ce bus...
Apres 30 minutes de bus dans des conditions "chaleureuses", nous arrivons enfin a destination. Apres quelques pas, j'appercois enfin le gigantesque dome de la mosquee dont nous allons faire la visite. J'y reviendrais plus tard. Nous marchons dans des petites rues beaucoup moins frequentees que celles du centre ville et de sa circulation. Il y a de petites echoppes en tout genre. Les carcasses de mouton pendent a meme la rue devant les boucheries, des femmes tissent des paniers ou autres objets en osier, des hommes discutent entre eux sur le trottoir... Bref, il y a de la vie dans ces petites rues. Une petite vie de quartier.
En continuant de marcher, une inscription sur un mur attire alors mon attention. Il y est ecrit ou plutot taguer "JKLF". Je l'avais deja appercu en venant par la route de Jammu et a pluseurs reprises encore depuis mon arrivee ici. J'en demand ealors la signification a mon guide. "Que signifie JKLF Mohamed ?". "Mujahidins" me repond-il. Sa reponse est singlante et ajoute une dimension encore plus concrete a ce qui se passe parfois ici.
Un peu d'histoire. Apres recherches, JKLF signifie en fait Jammu & Kashmir Liberation Front. Le JKLF est une organisation nationnaliste kashmiri fondee en 1977 a Londres par Amanullah Khan et Maqbool Bhat (condamne a mort et execute depuis). En quelques annees, l'organisation s'implenta dans plusieurs villes anglaises mais aussi plusieurs pays d'Europe et les USA. En 1982, des branches de l'organisation furent etablit dans la region du Kashmir sous administration pakistanaise, au Pakistan, et dans la region du Kashmir sous administration indienne. Le JKLF reclame la liberation du kashmir sous administration indienne. Le JKLF ne se revendique pas comme un mouvement terroriste, mais nationnaliste. Pourtant, leurs principaux actes de violence sont le meurtre, le kidnaping et le detournement d'avion). Terrifiant...
Apres cette petite paranthese, je reprend mon recit. Nous arrivons donc enfin apres quelques minutes de marche, devant l'entree de la mosquee. L'entree est lourdement gardee par des militaires et ils faut montrer patte blanche pour acceder dans l'enceinte du lieu de culte. Apres une fouille relativement rapide et apres avoir explique pourquoi je me trimballais avec 3 appareils photo, nous entrons enfin.
La mosquee est magnifique. La mosquee Hazratbal c'est son nom, est la plus grande mosquee de la ville. Elle est situee au bord d'un lac et ses abords laissent place a de petits jardins. Le batiment offre une grande base rectangulaire d'environ 50 metres de long. Il est perce dans toute sa longueur par de nombreuses et grandes fenetres de styles Moghols. La base de l'edifice est ensuite surmontee par une petite tour carree sur laquelle trone l'immense dome de marbre blanc. La pointe du dome est recouverte d'or. Entierement de blanc vetu, ce lieu de culte offre une atmosphere paisible et reposante.
Apres un moment passe aux abords du lieu (je ne pourrais pas entrer a l'interieur), nous quittons l'endroit puis nous mettons a la recherche d'un bus. Apres 20 minutes de trajet dans les meme conditions que tout a l'heure (j'ai maintenant une certaine compassion pour ces pauvres sardines en boite), nous arrivons enfin aux abords de la Jamma Masjid, plus vieille mosquee de la ville.
Dans son style, le batiment, comme le precedent, est somptueux. totalement construit en pierre, l'exterieur est impressionnant. Le batiment est une sorte de grand carre ouvert sur l'interieur. Il n'ya a quasiment aucunes fenetres cote rue. Une immense porte en bois sculpte et paree d'or marque l'entree du lieu. a l'interieur, la hauteur sous plafond est immense. de grosses poutres en bois d'une seule piece soutiennent le toit de l'edifice egalement en bois est incruste de nombreux motifs. Le sol est totalement recouvert par d'innombrables petits tapis de prieres. Il y a un tapis par fideles et il doit y avoir au mois des milliers de tapis sur le sol dans chacune des ailes du batiment, qui non cloisonne, ne forme qu'une immense salle de priere. Les ailes du batiment sont percees d'innombrables et immenses fenetres dont je serais incapable de decrire l'architecture. La lumiere du jour qui penetre par ces fenetres offre l'eclairage principal. Ces ouvertures offrent une vue imprenable sur la cour interieure. Cette cour est composee d'un grand jardin. Deux allees perpendiculaires bordees d'arbustes et de haies finement tailles, et reliant les qautre ailes du batiment, constituent le seul moyen d'acces a cet espace vert.
Tout cela est encore une fois superbe et le calme impressionnant qui y regne grace a cette ouverture du batiment sur l'interieur qui protege le visiteur du bruit et de l'agitation exterieure, est une nouvelle fois extremement reposant. Apres un long moment de contemplation, nous quittons la mosquee. Nous continueront ensuite notre visite de quelques unes des autres mosquees de la ville, plus petites que leurs grandes soeurs, mais toujours aussi belles. Apres quelques heures, nous regagneront a pied nos petites maisons flottantes. Juste le temps de recroiser les innombrables bunker de sacs de sables, les militaires lourdement armes, des vehicules blindes et ces fantomes vetues de noir dont je n'arrive toujours pas a m'habituer. J'ai du mal a comprendre pourquoi cache-t-on les femmes de cette maniere. J'ai un pincement au coeur (le mot est faible) quand je les vois faire du shopping ou seules leurs mains depassent de cette camisole noire pour toucher les etoffes de tissus qu'elles ne peuvent voir qu'au travers d'un grillage place devant leur yeux. Tout cela est tellement extreme et inhumain.
Apres une courte pause dejeuner,, nous partons cette apres midi pour la visite des jardins Moghols. Ces jardins se situent au bord du lac. Ils ne sont pas tres grands, mais offrent suffisament d'espace pour trouver un endroit tranquil ou se reposer, pic-niquer, se ballader ou prendre du bon temps comme le font les quelques couples ou familles indiennes qui s'y trouvent en ce moment.
Les jardins offrent de grandes allees bordees de grandes pelouses, d'arbres, de bancs, fontaines et autres pieces d'eau, fleurs... Le lieu pourtant simple est relativement complexe a decrire. En revanche, il ne me sera donne que peu d'occasions d'appercevoir ces fameuses fleurs qui donnent au lieu un air de paradis. Nous sommes en hiver, et les rigueurs du climat n'autorise aucune floraison en cette saison. Mais Les jardiniers s'affairent deja a planter ou a entretenir ces espaces pour offrir aux visiteurs un spectacle haut en couleurs a l'arrivee du printemps.
Je passerais un long moment seul a errer dans les allees des jardins et profiter de l'atmosphere paisible et unique du lieu avec une vue imprenable sur le lac. Nous regagnerons ensuite par un nouveau trajet en bus dans les conditions habituelles, nos petites maisons flottantes.
Ce soir, je prendrais mon dernier repas et je passerais ma derniere nuit sur les eaux du lac dans cette region magnifique.
18/02/07 Retour a Mc Leod Ganj.
Lever de bonne heure ce matin pour quitter Srinagar et me rendre au terminal de bus. Un dernier tour de shikara pour rejoindre la rive et le centre ville et me voila definitivement sur le chemin du retour. Je marche donc dans les rues avec mon sac a dos. A cette heure la il n'y a pas grand monde et je suis etonne du peu de militaires present a cette heure la.
Peu avant d'arriver au terminal de bus, j'entend un homme prononcer "Jammu, Jammu !". Je m'approche et engage la discussion pour avoir plus de precision. En fait il s'agit d'un chauffeur de sumo, ces petites jeeps dont j'avais entendu parler. Voila l'occasion ideale de me rendre a Jammu beaucoup plus rapidement que le bus, dans un confort superieur et pour un prix semblable. Je saute donc sur l'occasion.
Je monte a bord du vehicule qui en fait est un J5 (sorte de mini bus) et m'installe tranquilement. Je suis le seul passager pour le moment et soudain un doute m'envahit. Est-ce vraiment un sumo ? Est-ce que ce vehicule va bien a Jammu ? Pourquoi suis-je le seul passager ? C'est bizarre, il ne prend pas la route habituelle. Autant de questions qui envahissent mon esprit a ce moment la. Mais je serais rassure quelques minutes plus tard quand d'autres passagers monteront a bord.
Le vehicule trace donc sa route vers Jammu. Le chauffeur est une vraie tete brulee. Rien d'inhabituel en Inde mais je n'ai jamais rencontre de chauffeur ou plutot chauffard aussi inconscient et suicidaire. L'homme roule excessivement vite, double dans les virages sans aucune visibilite, ne respecte aucune distance de securite et nous evitons a plusieurs reprises une collision frontale. J'ai envie de lui expliquer qu'il a la responsabilite de ses passagers et que son comportement va nous foutre dans le ravin ou dans un autre vehicule. Mais la barriere de la langue complique la chose. Je commence a m'enerver interieurement et j'ai maintenant envie de lui foutre mon poing sur la gueule. Peut etre que cela lui ferait redescendre son taux de testosterone et de connerie. J'ai pourtant appris la patience ici mais je ne suis pas pret a mourrir sur la route. Je n'aurais pas besoin d'en venir jusque la puisqu'il se fera rappeller a l'ordre par les autres passagers. Et puis mon exces de colere n'aurait rien change a la situation si ce n'est creer un incident diplomatique.
Le voyage du retour sera donc rytme par les exces de conneries de notre chauffard, et par ses nombreux arrets comme celui pendant lequel notre chauffeur decida de s'arreter pour faire recharger sa carte de telephone portable. Je patiente donc. De toute facon, nous avancons quand meme plus rapidement que le bus.
Notre vehicule sera de nombreuses fois fouille par des barrages militaires ainsi que le contenu de nos sacs. Toujours cette route... Contrairement a l'aller qui s'etait effectue de nuit, j'aurais le temps cette fois-ci de decouvrir les sublimes paysages que nous traversons. Des montagnes, des rivieres, des cultures en terrasse, des maisons de pierre... Le chauffeur a repris confiance et recommence son cinema. Il se penche maintenant dans les virages. Je vais mourrir, ca y est... Je vais finir encastre dans un camion ou au fond d'un ravin. Je me sens piege. Heureusement mon passeport que je garde toujours avec moi me rassure et me fait dire qu'au moins on pourra retrouver mon corps si le vehicule ne prend pas feu. Ce serait tellement con de mourrir sur la route... Mais il n'en sera rien, il faut croire que l'homme avait une certaine maitrise ou que j'ai une bonne etoile, et j'arrive enfin vers 17h a Jammu.
Je ne remercie pas le chauffard et descend du vehicule en direction du terminal de bus. Et la, j'ai la desagreable surprise d'apprendre qu'il n'y a pas de bus jusqu'a demain matin. Je n'ai pas envie de passer la nuit dans cette ville, il faut que je trouve une autre sollution. Je parcours donc le terminal de bus et de taxis a la recherche d'une sollution alternative.
Finalement apres de longues minutes a errer, je trouve enfin un bus pour me rapprocher de ma future destination. Puis je changerais encore trois fois de bus et prendrais ensuite un taxi pour parvenir enfin, en 16h seulement et juste avant minuit et la fermeture de mon hotel, a Mc Leod Ganj. Ce voyage etait incroyablement intense.
Me revoila donc confortablement installe dans ma petite chambre du Green Hotel.
Cette petite incursion au Cachemire, m'aura revele une region magnifique et tres contrastee. Contraste entre la beaute de ses paysages et l'horreur de la violence qui s'y deroule parfois. Contraste entre ces kashmiris charmants et ceux plus fermes, entre ces militaires lourdement armes et ces hommes circulant en charette. Entre ces femmes legerement maquillees et celles invisibles en raison de l'extreme interpretation d'une religion... Il y aurait tant de chose a dire sur cette region unique que je ne connais pas vraiment. En tout cas j'y ai passe quelques jours exceptionnels.
Une chose est sur en tout cas, j'y reviendrais, mais plus longuement et sans guide.
Du 19/02/07 au 01/03/07 Derniers jours a Mc Leod Ganj.
Depuis mon retour du Cachemire, nous passons Joe et moi nos journees a jouer aux cartes, au billard, se faire des bons restos, courrir, aller au cinema.. Bref des journees extremement chargees. Il faudrait pourtant que je quitte cette endroit pour continuer mon voyage. Mais je me sens tellement bien ici.
J'ai egalement passe de nombreuses journees a essayer de faire renvoyer certaines de mes affaires en France, en vain, a cause des nombreuses coupures d'electricite. Chaque fois que je suis venu au bureau de poste, il y a eu une coupure d'electricite. Et ces messieurs et mesdammes des postes ont besoin d'electricite pour utiliser une machine pour envoyer mes affaires.
Hier matin, j'arrive donc peu apres l'ouverture. Il y a deja, comme d'habitude, un monde fou. Et comme d'habitude, tout le monde essaye de se passer les uns devant les autres. Il faut donc jouer des coudes et s'imposer. Mon enorme sac a dos de 70L avec lequel j'etais parti, m'y aidera facilement. Il y a 6 employes dans ce bureau, et pourtant, la fil d'attente ne desemplit pas. Un s'occuppe de vendre des timbres, une autre d'envoyer des colis et je n'ai pas bien compris a quoi servait les autres. En totu cas, ils sont tous sollidaires car quand un perd son stylo, c'est tout les employes du bureau de poste qui se mobilise pour partir a la recherche de la precieuse plume. Tout cela donc dur des heures et au bout de seulement 1h30, je parviend enfin a me debarasser de mon sac. Il devrait arriver par bateau en France dans 6 semaines. Ou dans 6 mois, ou pas du tout. J'ai eu toutes sortes de recit d'experience la dessus.
Depuis quelques jours, les coleres du ciel s'abattent sur nous. Ca ne plaisante pas du tout. Pluies torrentielles, neige... me font regretter mes affaires d'hiver que j'ai renvoye en France. C'est un signe, il faut que je parte. J'i donc achete mon billet de bus et suis enfin pret pour quitter cet endroit. Ce matin, je viens de realiser qu'il ne me restait que 29 jours. Il faut vraiment que je commence mon voyage dans le sud.
Prochaine destination, Khajuraho. Cet endroit va me manquer, et les quelques personne sque j'y ai rencontre aussi.